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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/92

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ont cet attribut commun, avec des différences et des rapports entre elles, dont il resterait à se rendre compte.

La doctrine des monades de Leibniz est ce système de la multiplicité, même sans bornes selon lui, des substances ; mais il les définit par des qualités internes, représentatives, et par les relations qu’elles soutiennent avec les autres sujets, leurs similaires, en sorte que l’idée de substance semble perdre tout caractère réaliste et s’approcher du sens de fonction de phénomènes. Le substantialisme se nierait ainsi lui-même si d’autres questions ne devaient pas intervenir (L et LXIV).

Tout ce développement doctrinal, depuis Descartes, naissait de la première difficulté considérable causée par l’interprétation du cogito. Une autre, non moins fondamentale, portait non plus sur la réalité du dualisme des phénomènes, selon qu’il regarde l’objet de la perception externe, ou les affections mentales seulement, mais sur l’idée à se faire d’un rapport entre des substances, supposé qu’il existe plusieurs substances, pour correspondre aux rapports empiriques donnés entre leurs ordres de phénomènes respectifs. Jamais pareil problème n’avait été posé avant Descartes, parce que jamais on ne s’était aussi complètement affranchi de l’illusion qui nous montre les qualités sensibles dans un sujet que nous percevrions tel qu’il est, en soi, et ces mêmes qualités transportées dans nos organes pour être nos idées. Les pyrrhoniens eux-mêmes n’avaient pas signalé assez distinctement le manque de rapport entre ce point de départ et ce point d’arrivée, l’absurdité d’un mode d’être étendu, sortant de son étendue pour aller constituer une intuition, ou d’un mode d’être mental pour devenir l’agitation de quelques molécules. Mais