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Page:Restif de la Bretonne - La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans, éd. d’Alméras.djvu/173

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D’UN HOMME DE QUANRANTE-CINQ ANS

voyer à l’auteur qui nous rend le service de publier les aventures intéressantes, connues sous le nom de Contemporaines. Hélas ! quand je la lui destinais, je croyais Sara telle que je l’y ai dépeinte !…

Voici le véritable dénoument de la petite Nouvelle :

Il (M. de Blémont) sourit en voyant entrer Élise et Parlis ; soit pénétration naturelle ou connaissance acquise du cœur humain, par l’usage du monde, il se défiait d’une jeune fille, qu’il trouvait intéressée. Parlis voyait Élise avec d autres yeux. On saura par la suite lequel des deux s’est trompé. M. de Blémont sortit, non pas absolument décidé à ne plus voir Elise, mais très déterminé à ne pas s’exposer au regret d’avoir dépensé pour une ingrate. Ce n’est pas qu’il la soupçonnât d’aimer Parlis, une pareille idée lui semblait absurde ; il n’en aurait pas cru l’assurance formelle, qu’Élise et Parlis réunis lui en eussent donnée. Cependant il ne revint plus depuis, mais il en fut tenté plus d’une fois, quoique, après la rupture entière, il ait marqué pour cette jeune personne le plus grand dédain, et pour sa mère le plus profond mépris.

Parlis demeura donc à son Élise ; il en fut comblé. Il avait senti, au milieu des accès de sa générosité, qu’il ne lui était plus aussi facile de la céder qu’il l’avait cru. Pour Élise elle parut si piquée contre M. de Blémont, que Parlis fut plus d’une fois tenté de croire qu’elle regrettait les avantages que son ami lui aurait faits, tout en détestant sa personne. Mais il s’arrêta d’autant moins à cette idée, que les discours d’Élise étaient opposés à ce que son air et sa conduite semblaient annoncer. Pour la mère, elle était furieuse ; elle regardait Parlis comme l’unique auteur de la retraite de M. de Blémont, et elle dit plus d’une fois à sa fille : « Cet homme vous fera manquer mieux que lui cent fois ; quittez-le. » Sara s’y refusa. Tel est le vrai dénoument des Deux Cinquantenaires.

Sara ne m’en parut pas moins attachée (cependant elle l’était moins) ; au lieu que sa mère montra dès lors le dessein de rompre. De mon côté, j’étais charmé de me voir moins recherché par une femme telle que sa fille me l’avait dépeinte ; je la négligeai à mon tour. Dans ce même temps, je recommandai à Sara une coiffeuse en place de son coiffeur, dont sa mère était mécontente. Cette fille, qui avait été cuisinière de J.-J.-R., m’intéressait à ce titre seul ; mais c’était un mauvais sujet. Elle fit des rapports qui mirent la mère de Sara en fureur contre la personne