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Page:Restif de la Bretonne - La Dernière Aventure d’un homme de quarante-cinq ans, éd. d’Alméras.djvu/278

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LA DERNIÈRE AVENTURE

pour calmer les regrets de cet homme, lors de la prochaine rupture…

Le nouveau tenant était un petit Parisien, sur la tête duquel je pouvais poser le coude, sans me hausser… Je ne pouvais imaginer que nous fussions sacrifiés, Lamontette et moi, à un petit brinborion en parenthèse, d’une démarche assez risible pour être plaisante. C’était la vérité néanmoins ; et le peu rusé Florimond, que quelques verres de vin, avalés en cachette, rendaient parlant, lâcha deux ou trois mots, qui me découvrirent le mariage… Le mardi, je vis Sara parée. Je pensai que le mariage allait se faire… Je montai faire mon compliment. Mme Debée nia. Moi, je félicitai la future, et je l’embrassai… Je fus très impoliment traité. On craignait l’arrivée du prétendu. Peu s’en fallut qu’on ne me dit de me retirer. On ne me le dit pas cependant… Je sortis. Mais au lieu de m’éloigner, je montai à l’étage d’au-dessus. … Je croyais qu’on allait fiancer. On fut chez le lieutenant-civil… Je passe tous les détails, qu’on va comprendre.

Nous en sommes à une époque terrible, qui va faire connaître à Sara sous quel point de vue elle était regardée par ses amants. Par une suite de ma faiblesse, je la voulus voir, pour savoir le jour de son mariage. Le hasard amena, par cette visite non préméditée, une catastrophe à laquelle je ne pensais guère ! Je trouvai Sara qui s’habillait. On me dit qu’on allait sortir, sans me dire où l’on devait aller. Je résolus de le savoir, en me tenant aux environs de la maison. J’attendis peu ; je vis les deux femmes aller à pied, avec un homme qui m’avait l’air d’un perruquier. Cela me parut singulier ! Le prétendu ne les accompagnait pas ; ce qui me surprit davantage encore ! Elles prirent par le quai Saint-Bernard et elles entrèrent chez leur conducteur, qui donnait une sorte de bal. Je ne concevais rien à cette partie, faite sans le prétendu ! Il me vint dans l’esprit de rendre une visite à ce dernier. Je trouvai un homme au lit, pâle, défait, dans une agitation qui ressemblait à la fièvre la plus violente. Je m’informai de la cause de sa maladie. Silence : mais un soupir.