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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/152

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mais cette passion n’ayant, alors, rien de sacré pour une âme qu’elle intéressait faiblement, je ne la datais qu’à la fin de décembre par ces mots , sur le même linteau du premier jardin, où sont les I° Anni.

Il faut donner la raison de la manière dont cette date est conçue : dans le courant de l’année 1780, je fis une nouvelle intitulée La fille de mon Hôtesse[1] : j’y avais en vue Sara Debée[2], que j’y nommais Adeline, tant pour déguiser son nom que pour profiter de la jolie chanson que je rapporte dans cette nouvelle, faite sur une actrice de ce nom (on se rappelle que le héros de la nouvelle écrivait, dans ses dates, Ad. ad.[3].)

Lorsque je fus ou que je crus être aimé de Sara, je voulus réaliser ce que j’avais dit en romancier : j’écrivis sur la pierre, à côté du premier jardin, les mêmes mots, au même

  1. Dans les Contemporaines, tome VIII, p. 432.
  2. Voir Monsieur Nicolas : Elle avait quatorze ans quand il la connut, en 1776. Elle était au couvent et ne sortait qu’à de rares intervalles. A peine le payement du terme de janvier 1778 servit-il de prétexte à un chaste baiser. Restif devint moins scrupuleux en apprenant qu’elle avait eu un amant.
  3. Voici le premier couplet de la chanson :
    « Qui parle d’un souris malin,
    De petits pieds, de taille fine,
    D’un air doux, quoiqu’un peu mutin,
    Celui-ci parle d’Adeline.
    En scène, en ville, ah ! qu’elle est bien !
    Il faut l’aimer ou n’aimer rien. »

    Quant à l’inscription, elle est ainsi conçue dans la Fille de mon hôtesse : « 11 mai. Ad. ad. h. 6. p., ce qui veut dire : 11 mai, Adeline adorée, à six heures du soir. » Contemporaines, t. VIII, p. 480.)