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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/153

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endroit indiqué dans ma cinquantième nouvelle : Ad. ad. Cette passion pour Sara va rendre mes dates bien plus intéressantes pour moi : j’écrirai les présentes avec plus d’attencion ; je reverrai les passées avec plus d’attendrissement.

C’est dans ces dispositions que je commençai l’année 1781. L’amour fait plaisir, quand il commence ; il n’est douloureux qu’après quelques trahisons de la part de l’objet aimé.

17. La date de 1° Anni 1781. La vue de celle de 1780 rendit celle-ci plus intéressante. En achevant le tour de l’Ile, je réfléchis sur la rapidité du temps, et surtout je repassai, dans ma mémoire, tous les événemens de l’année ; ensuite, je me repportai à l’instant de ma première date ; j’envisageais ma situacion d’alors à travers ce prisme flatteur qui embellit le moment échappé sans retour.

18. Les dates furent fréquentes, cette année : celle du 6 janvier porte encore Ad. ad., et celle du lendemain rend compte de la collation délicieuse que j’avais faite, la veille au soir, avec Sara, sa mère et l’amant de celle-ci[1]. Ce fut un temps d’ivresse, jusqu’au 7 mars suivant. Presque tous les jours, je voyais Sara, tendre, complaisante, et j’alais dater ma félicité : qu’on imagine quelle devait être sa douceur pour un homme de mon âge qui voyait se réalisé pour lui, presque mot à mot, ce qu’il avait pensé, écrit et supposé à un jeune homme aimable[2], six mois aupara-

  1. Avocat du nom de Florimond Lucas.
  2. Le héros de la Fille de mon hôtesse.