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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/176

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j’ai l’imagination très-vive, je me transportais, en esprit, hors du temps présent, et je me portais dans l’avenir. Je le voyais, je le sentais, et je vivais. Quel je serai, dans un an, à pareil jour…? Cette idée, en m’attachant fortement, me tirait hors de moi-même ; je restais, quelquefois, plusieurs minutes, persuadé que j’étais à un an de là, et ma peine en devenait moindre.
96. I jul. Scribo Delarbre. (J’ai écrit à Delarbre.) Je cherchais tous les moyens de me guérir de ma funeste passion (non que je sois, aujourd’hui, fâché de l’avoir éprouvée, loin de là !
L’auteur doit avoir éprouvé toutes les passions, comme le médecin doit avoir essayé ses remèdes) ; mais je souffrais, et l’on n’aime pas à souffrir. Mon but était d’avoir les lettres que Sara devait avoir écrit à Delarbre[1], qu’elle m’avait sacrifié, comme elle me sacrifiait à Lavalette : j’espérais que l’indignacion me guérirait ; mais ce n’est pas cela qui guérit, c’est le temps.
97. 2 jul. Quœrela ingens. (Grande querelle[2] !)
98. 3 jul. Reconciliacio. (Réconciliacion), c’est-à-dire tromperie de la part de Sara, qui

  1. Voir Monsieur Nicolas. Il écrit à Duchâtaignier (Delarbre), dont il a déjà été question. C’était un amoureux de Sara pour le bon motif. Nicolas lui demande communication de sa correspondance, espérant y trouver un soulagement. La réponse de Duchâtaignier tombe entre les mains de Sara Debée, qui reconnaît l’écriture et veut lire. Nicolas lui montre les quatre dernières lignes et parvient à dissimuler trois lettres incluses. Ces lettres sont reproduites dans Monsieur Nicolas.
  2. Au sujet des lettres dans lesquelles Nicolas a vu que ce jeune Duchâtaignier, réellement aimé d’abord par Sara, avait