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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/284

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146 Mes Inscripcions.

Enfin, un dernier coup de poing dans la figure l’a fait fuir pour la sixième fois ; et le scélérat fait un mémoire mensonger, qu’il présente ou fait présenter au Magistrat, père des opprimés, préservateur des honnêtes citoyens, pour accuser l’épouse dégradée, avilie journellement par les noms affreus de poison, vermine, putain, que cet infâme lui prodigue, même devant le monde ! Qui m’aidera donc à venger mon sang ? Qui soutiendra les droits et la tendresse paternelle ? Personne. Les Toustain, dans qui j’avais confiance, parlent de conciliation, comme s’il s’agissait de concilier ce qui est inconciliable ! Comme s’il était bien de remettre… que dis-je ? de prostituer la vertu au vice !… que les hommes sont ou fous, ou bornés, ou indifférens au bien !…

J’aurai recours au Magistrat chargé, par le Père de la Patrie, de protéger ses sujets sourdement opprimés ; je lui dirai : « O vous sans cesse affligé par le récit des fautes, des crimes, des forfaits, vous alez frémir ! Un monstre de laideur, âgé de 36 ans, sans fortune, sans vertu, se présente à une sœur vieille, dévote et bornée, pour obtenir la main d’une fille de 18 ans, modeste, vertueuse, jolie, l’objet chéri de la tendresse d’un père malheureus ! Il se fait passer pour fortuné, il affiche la dévocion, il persuade, il capte la tante et la nièce, il se fait admettre dans un bureau, sans appointemens, pour qu’on le croye occupé. Ses mensonges ne sont pas découverts ; mais le père, plus clairvoyant, entrevoit le démérite de ce personnage. Il s’oppose. Hélas, en vain ! Sa fille lui résiste ! Sa femme