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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/36

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xxiv
Préface.

celui qui vous tourmente, puisse avoir autant d’influence sur le bonheur d’un homme de génie… Il rendait votre fille malheureuse, vous l’avez soustraite à ses mauvais traitements : qu’avez-vous dorénavant à démêler avec lui ? Laissez-le clabauder tout à son aise… c’est un reptile qui s’agite dans sa fange. Ne lui laissez pas la satisfaction de croire qu’il vous rend infortuné : abandonnez-le à sa propre infamie. Vous l’avez fait connaître aux magistrats, à vos amis : vous n’avez rien à redouter de ses insultes, ni de ses propos. Il sera bien plus humilié par votre mépris que par votre vengeance. L’aigle qui plane dans les champs du soleil doit-il être troublé du coassement des grenouilles qui vivent dans le limon des marais ? Mettez plus de confiance dans les lois. Je vous répons qu’il ne se portera à aucun attentat contre votre personne. Je sais qu’il est veillé de près, et que, sans que vous vous en mêliez, il ne tardera pas à recevoir le châtiment qui vous est dû. »

Mais il désapprouve fortement Restif d’avoir dévoilé les noirceurs de son gendre dans La Femme infidèle et Ingénue Saxancour : « Vous n’avez pas vu qu’en couvrant de boue un homme qui, depuis longtemps, ne peut plus même être déshonoré, il en rejaillissait une grande partie sur votre fille même… Si jamais elle devient veuve, qui voudra d’une femme ainsi souillée et dont vous avez rendu la honte publique[1] ? »

  1. Lettre du 20 septembre 1786, 2e édition des Contemporaines, et Drame de la vie, appendice.