Restif trouvait des compensations à ses malheurs domestiques chez ses filles Agnès et Marion.
Toutes deux étaient jolies. La seconde avait été surnommée « figure de vierge » par un ami de son père, le chevalier de Saint-Mars. Elle possédait « la qualité la plus essentielle des femmes, celle de donner aux malades les soins les plus doux ». Fort instruite, elle servait de secrétaire à son père et philosophait, à l’occasion, pour son propre compte. C’est encore la Reynière qui nous l’apprend : « Mlle Marion m’a fait l’honneur de m’écrire, le 11 mai, une lettre de dix pages in-folio très-serrées, que j’ai mis près de trois heures à lire. Il me faudrait trois jours pour y répondre… Je vous prie de faire agréer mes excuses à cette aimable et philosophe demoiselle[1]… »
Elle épousa son cousin Edmond, fils de Pierre Restif, resté laboureur à Sacy[2] et Agnès, après son divorce avec Augé, se remaria avec M. Vignon, dont les descendants existent encore aujourd’hui[3].
Toutes deux se conduisirent admirablement à l’égard de leur père, elles lui firent sentir « les douceurs de la paternité[4] », qu’il savait apprécier et qu’il méritait par la tendresse dont il les entourait, par le mal qu’il s’était