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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/362

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mies du vil Augé, les souffre, les autorise peut-être ! Tous ces vils commis sont ennemis des gens de lettres : quels tours, lui et La Goupillère[1], n’ont-ils pas joués à ce pauvre Feutri[2]  ! Je le tiens de Montlinot. Il me vient en l’idée d’écrire à Legrand, de le traiter comme il le mérite. Je ne sais si j’irai chés M. de Senac[3], intendant de Valenciennes, qui m’a fait demander hier, ainsi que la marquise de Clermont-Tonnerre[4], pour aler dîner avec eux. Je m’en repentirai sûrement, comme je me repens de la connaissance de l’intendant de Soissons[5] !

Et ce Montlinot, qui a mené tout cela ! Cet homme m’a toujours paru avoir l’œil faux ; il me regardait du même air, dont un chat regarde la souris qu’il craint de laisser échapper. Tout ce que j’ai vu dans cette maison, tout ce qui entoure M. de Morfontaine est vil, bas, sordidement intéressé ! Ce

  1. Premier secrétaire du prévôt des marchands.
  2. Aimé-Ambroise-Joseph Feutry (1720-1789), avocat, puis magistrat, auteur de Poésies fugitives, d’un Manuel tironien, ou recueil d’abréviations faciles et intelligibles de la plus grande partie des mots de la langue française, etc.
  3. Gabriel Senac de Meilhan, auteur de Considérations sur l’esprit et les mœurs (1788), des Mémoires d’Anne de Gonzague, etc. Restif fit chez lui, au début de la Révolution, un souper dans le genre de celui des Académiciens d’Amiens (voir § 958, en note). Une des dames lui fut présentée sous le nom de Mme Denis : c’était la duchesse de Luynes ; une autre était la comtesse de Laval. Un des convives, qui se faisait appeler Nicodème, était le duc Mathieu de Montmorency. Il y avait encore là l’évêque d’Autun (Talleyrand) et l’abbé Sieyès.
  4. Admiratrice de Restif. Elle s’intéressait surtout à Sara Debée.
  5. M. Le Pelletier de Morfontaine, intendant de Soissons de 1765 à 1784.