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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/78

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Restif. Leurs relations commencèrent précisément à propos de ce Paysan perverti pour lequel Mercier avait exprimé spontanément son admiration, sans connaître l’auteur. A la lettre de remerciement de Restif, il avait répondu en le priant de venir le voir, à Montrouge : « 31 août 1782. — J’ai à vous narrer l’histoire de vos grands succès dans toute la Suisse : votre nom y est devenu l’égal des plus grands noms. Et moi, je ne m’en étonne point : il y a longtemps que j’ai pensé que, du côté de l’invention, du génie et de la fécondité, personne ne vous égalait. »

La seconde édition des Contemporaines[1] contient d’autres lettres où Mercier, qui ne s’enthousiasmait point à demi, le traite de « grand peintre des mœurs nationales » et raisonne ainsi ses préférences : « Mes confrères ne savent pas tous lire. Ils lisent en auteurs. Je lis en qualité d’être sensible et qui demande à être remué. Je l’ai été cent fois, en vous lisant, et, de plus, vous m’avez donné des idées que je n’aurais pas eues sans vous. Voilà le fondement de mon estime. »

Cette mutuelle amitié se maintint jusqu’à l’année 1796, où Restif, présenté par Mercier comme candidat à l’Institut, n’obtint qu’une voix, celle de son ami. Les académiciens lui reprochaient son manque de goût. Crut-il avoir été mal secondé par Mercier ? On ne sait. Toujours est-il qu’il lui en voulut de cet échec. Il poussa l’injustice au point de dé-

  1. Tomes XIX, XX, XXI.