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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/116

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le cœur, j’étais triplement coupable)… J’attendais un détail purement oral, et c’était un détail pratique que Marguerite commençait de me donner ! Je fus surpris ! mais les sens l’emportèrent. Ce fut avec un commencement de corruption, que je me laissai conduire pas à pas dans la carrière de la volupté. Marguerite me mena de détails en détails, jusqu’au dénouement, qui fut pour moi plus heureux que tous les précédents. Je fus transporté de joie, le croirait-on ? en songeant à Jeannette ! « Je suis » homme enfin ! et je n’aurai plus à rougir de moi-même. » C’est que Rosalie et Mélanie s’étaient moquées de moi, quoiqu’elles ne fussent pas fâchées de l’accident, dont elles tiraient parti.

Je ne pus cependant recevoir qu’une leçon. Dès que je fus remis, elle descendit par l’enclos, et moi par la cour ; elle rejoignit adroitement son mari, au moment où, rassasié, il commençait à s’inquiéter d’elle. Marguerite lui dit qu’elle avait achevé d’arranger quelque chose avec moi, et qu’elle avait goûté.

Je n’avais cependant pas eu tout le plaisir qu’on imagine ; la secousse était encore beaucoup trop violente, et ce que j’avais éprouvé ressemblait encore à de la douleur. Aussi, loin que ces actes de virilité précoce me portassent au libertinage, je crois qu’ils m’en éloignaient. Je n’en trouvais pas les femmes moins désirables ; le cœur fut seulement plus affecté que les sens, surtout pour Jeannette, que je n’avais jamais aimée comme une femme, mais adorée