Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’aîné de la famille, leur montrèrent cette bonté campagnarde, qui n’a pas d’exemple dans les villes, où les manières sont toujours un peu contraintes. Ils me disaient, à leur retour : « Nous n’avons jamais vu personne comme votre père et votre mère ; ah ! si Fayel et Poquet étaient ici !… » Le nom de ces deux chers amis fit couler des larmes amères ! mais l’idée de Jeannette me revint, et elle me calma.

Huet était l’aîné des trois commensaux : il avait de l’esprit, le désir d’apprendre, et il était fort mécontent de ce qu’on ne lui enseignait pas le Latin. Le curé de Courgis, sans connaître J.-J. Rousseau (qui n’avait pas encore d’existence littéraire), avait les mêmes principes que cet écrivain inconséquent, sur l’étude des langues Grecque et Latine. Huet s’étant plaint à lui, le Janséniste répondit à ce jeune homme : « L’étude du Latin, mon enfant, n’est pas nécessaire au salut. — Mais vous l’avez appris. Monsieur le curé ? — Cela m’aurait été préjudiciable, sans les grâces que Dieu m’avait faites. — Dieu m’en ferait de même. — Il ne faut pas le tenter. D’ailleurs l’étude m’était nécessaire, pour ma profession. Mon cher ami, depuis que j’ai l’honneur d’être ministre de notre sainte Religion, je me suis efforcé d’oublier tout ce que je savais de littérature profane, en me remplissant de l’étude des Saints Pères, et j’y suis enfin parvenu[1], — Mais Monsieur Nicolas étudie ? —

  1. Le curé de Courgis avait des doutes, comme tous les