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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/13

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de rouge, il avait formé une pension de cinquante enfants, la plupart de bonnes maisons de Paris ou de la campagne, qu’il vêtissait en soutanes, et qui assistaient à l’office, en camail et surplis, dans les basses stalles, au-dessous des prêtres. Fusier, après avoir formé cette pension, la gouvernait. Il s’était rendu très utile à la maison en quêtant pour elle ; avec sa besace, il avait fait rebâtir la maison du Seigneur, où il venait de faire mettre des orgues… On dina. Il vit toute la bonhomie de Thomas, de sa sœur et du beau-frère : ce fut alors qu’il dit qu’il avait besoin d’un sous-maître. Il emmena l’abbé Thomas. Mais avec tous ses bienfaits, Fusier, qui au fond était un intrigant, faisant de la piété le voile de son adresse, fut obligé de déguerpir. L’ex-précepteur, pauvre, vertueux et désintéressé, eut ses dépouilles, excepté sa besace. Ce fut après cette époque que l’abbé Thomas crut pouvoir me prendre avec lui.

Mon père et ma mère étaient persuadés que j’avais de l’esprit, un bon cœur, et ils ne doutaient pas que je ne conservasse mon innocence, en demeurant un jour dans les villes. Ils espéraient que je me pousserais, et qu’étant l’aîné du second lit, il ne fallait rien négliger pour faire de moi le protecteur de mes cadets. Revenons à Marguerite.

Départ.Les vendanges étaient finies, mais mon père avait encore de l’occupation pour le reste de la journée. On me remit entre les mains de la bonne gouvernante, le mardi 1 5 Octobre, et mon père devait venir