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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/14

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le lendemain dîner à Courgis pour me mener coucher à Auxerre, où nous devions prendre le coche le jeudi matin… J’eus beaucoup de plaisir, sur le chemin de Courgis, à voir Laloge, les Bois-Labbé, Courtenay, Vaux-Germains, autrefois métairie des Bénédictins d’Auxerre ; la Métairie-Rouge ou Charmelieu, qui est en effet un endroit charmant pour les sauvages tels que j’étais ; Puitsdebond, la Croix-Pilate, Saint-Cyr et Préhy. Tous ces villages étaient célèbres à Sacy, et j’en avais souvent entendu parler, dans les contes qu’on m’avait faits. Nous arrivâmes à la fin du jour ; mais je ne vis mon frère qu’à souper : il avait une maxime, que j’ai adoptée, de ne jamais se déranger de ses occupations pour des visites inutiles. On sait comme je le redoutais ; il eut l’attention de me recevoir d’un air riant et plein de douceur. Après le souper, nous allâmes chez le bon M. Foynat, chapelain du seigneur baron de Courgis. Marguerite vint après nous. Il y avait en ce moment chez le chapelain une demoiselle de Courtives, de Chablis ; une dévote, appelée sœur Pinon, et sa servante. Tout cela se leva et baissa modestement les yeux à l’arrivée de M. le curé. Le bon chapelain m’embrassa en riant. Dès le premier coup d’œil, je l’aimai : la franchise, l’indulgence étaient peintes sur son visage ; c’était un de ces hommes de l’ancien temps, aussi bon en homme que ma mère et ma tante Madelon l’étaient en femmes.

Le bon chapelain m’interrogea sur mes occupa-