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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/145

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Nollin, une Jeannin, une Adine, une Cady, une Pinon, etc., au nombre de douze (car il n’en fallait pas moins à mon appétit). Mon imaginative s’égarait dans un labyrinthe d’obscénités, en m’occupant de toutes ces odalisques. La demoiselle de Courtives, de Chablis, pénitente de mon frère, excitait encore plus ma lubricité par sa fraîcheur ; son habillement, sa blancheur, et une aventure de viol qui lui était arrivée[1], me rendaient quelquefois furieux de luxure. Mais le cœur n’était pas intéressé le moins du monde ; et je croirais inutile de parler de ces turpitudes s’il n’était pas nécessaire, pour le développement des ressorts de mon cœur, de les faire marcher sur la même ligne que ma passion pour Jeannette Rousseau, passion si différente, que si ce n’était pas dans mon cœur qu’elle a eu lieu, dans le même temps, je ne pourrais en croire le récit fait par un autre… Mais il était une fille qui excitait encore plus mes désirs que celles de mon sérail imaginaire, à cause de ses beaux restes, de son goût, de sa propreté, de sa jolie chaussure, de sa fraîcheur, de son ton affectueux, de sa bonne volonté pour moi, des occasions fréquentes de la voir seul à seule, de l’entretenir de mes sentiments, de lui parler des jeunes filles. Jeannette et Marianne : on voit que c’est de Marguerite qu’il est question. Un soir, elle arrivait d’Auxerre, où elle avait été pour les emplettes de la maison : on m’envoya au devant d’elle pour diriger sa mon-

  1. Année des Dames : Chablis.