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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/153

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sacrement… Le mariage de Mlle Jeudy a été fait par le père, malgré la mère, qui voulait que sa fille restât dans le célibat. Malheureusement, il est tombé malade le jour même de la célébration, et il n’en est pas relevé. La mère avait aussitôt prévenu toute intime communication entre les nouveaux époux ; elle voulait renvoyer son gendre chez ses parents, mais les arrangements avaient été faits auparavant par écrit ; il fallut qu’elle les tînt malgré elle ; mais elle marque une dureté !… Le pauvre gendre, lui, reste, parce qu’il aime sa femme. — Ah ! oui ! » dis-je naïvement, « il a bien raison ! mais peu m’importerait, à moi, si j’étais le… de… J…, de ne pas lui parler ; pourvu qu’elle fût ma…, et qu’on ne pût nous séparer, ni la donner à un autre. » Je dis cela fort vivement. Marguerite me répondit avec un regard en dessous : — « Vous croyez !… Mais laissons cela. »

Nous arrivions alors à l’entrée du vallon de Montaléry, vis-à-vis ce hameau, dans un endroit sombre, solitaire, tout couvert de saules et de peupliers, qu’abreuve l’eau cristalline d’une petite fontaine. Nous sentîmes l’aiguillon de l’appétit. J’aidai Marguerite à descendre. Nous nous assîmes sur la pelouse ; elle étala notre provision et je mis notre bouteille débouchée rafraîchir dans le bassin de la fontaine : nous fîmes un bien agréable goûter !… Lorsque la faim fut apaisée, mes yeux sans cesse fixés sur Marguerite, le souvenir de la provocante Sophie et d’un baiser savoureux que je lui avais vu