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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/160

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je gardai le presbytère. M. Juliot, de Chablis, ayant été nommé curé presque aussitôt, à cause du scandale que donna un P. Dumesnil, desservant, qui, s’étant grisé un soir, vint se mettre dans mon lit, et m’obligea de m’enfuir nue en chemise, parce qu’il me poursuivait, je priai la nièce du nouveau curé de me garder avec elle. Vous savez que M. Juliot ne resta pas : un sermon, prêché aux Bénédictins d’Auxerre, le jour de la Saint-Germain, déplut aux Jésuites, qui obtinrent une lettre de cachet, pour l’exiler ; mais il prévint l’exil. M. Jacquot, de Noyers, son cousin, aujourd’hui chanoine de la cathédrale, vint desservir la cure, et me trouvant au presbytère, il me garda. Je fus encore ici la victime d’un attentat : non de la part du respectable M. Jacquot, mais de celle de son neveu, jeune officier, sage en apparence… Enfin, M. votre frère ayant été nommé curé, après la démission de M. Juliot, je suis encore restée au presbytère ; de sorte que j’y ai passé toute ma vie. »

Tel fut le récit que me fit Marguerite, récit que je puis compléter aujourd’hui, par les enseignements qui m’ont été donnés. Marguerite avait tout accordé au jeune Rousseau, et elle était devenue grosse ; mais loin que l’oncle se rendit à cela, il entra dans la plus grande fureur. On cacha la grossesse, et l’enfant, qui était une fille, eut un sort bien extraordinaire, que je tairai néanmoins ici… L’oncle, épris de sa nièce, lui fit violence, après son rétablissement.