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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/164

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avide libertine ; autrement vous perdrez votre corps et votre âme… Je redoute vos frères ! ils vous nuiront, en donnant, par leur rigidité, trop de ressort à votre passion pour les femmes. Ils exigent trop de la jeunesse, et finiront par n’en rien obtenir du tout. Ils lui supposent trop de force, trop de goût pour le bien contraire aux sens ; ils jugent d’après eux sans doute, mais il n’est personne qui leur ressemble On vient ; laissez-moi. » Je me retirai pénétré : mais les bons sentiments qu’avait excités le discours de Marguerite ne furent pas de longue durée…

Après une crise, où j’avais eu toutes les facilités et toutes les délices du nu, la faculté nouvelle, parfaitement développée, devint impérieuse. Je respectai toujours également les chastes attraits de la modeste Jeannette (c’est-à-dire, pour éviter le galimatias, que Mlle Rousseau excitait en moi des sensations si vives, si délicates, qu’elles passaient le but, et qu’en l’aimant deux tiers moins, c’aurait été à peu prés ce qu’il fallait, pour remplir le but de la Nature). Aussi, pour les autres femmes, que j’aimais infiniment moins, je les désirais plus fortement que jamais ; mon imagination, malgré moi, se repaissait d’idées obscènes. Je les écartais par deux principes, celui de la religion, et celui de l’occupation, mais elles revenaient sans cesse ; mes crises précédentes les empêchaient même d’être vagues ; elles appuyaient sur une base solide, et j’appelais vivement tout ce qui me paraissait capable de me procurer la sensation