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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/165

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dont j’étais avide. Mais les occasions étaient infiniment rares ! Elles auraient même été nulles pour tout autre que moi, moins emporté, moins dominé par le physique de l’amour tout à la fois et par son moral : on voit que j’avais été avec Marguerite jusqu’à la témérité la plus extraordinaire. Ne pouvant ensuite me satisfaire matériellement, le libertinage d’esprit se substituait insensiblement à celui des organes… J’ai dit que j’avais commencé une comédie Latine en prose, à l’imitation de celles de Térence : j’en avais fait environ deux actes ; le premier n’était qu’une exposition assez embrouillée : mais dans le second, j’introduisais des filles ; je faisais parler aux garçons un langage bien singulier, sans doute, puisque je ne connaissais encore que la galanterie des Courtcou. Mes personnages étaient tous pris à Sacy, parmi mes anciens camarades et les jeunes filles du village. Je n’avais pas joui d’assez de liberté à Bicêtre, et je n’en avais pas assez à Courgis, pour y placer le temps et le lieu de la scène ; et l’unité d’action et de local, qui est un précepte naturel, me fit machinalement tout prendre dans le même pays, commencer et finir l’action dans la même journée. Il y avait trois amoureux : moi, tendre et passionné, un vrai Pamphile ; Étienne Dumont, espèce de Carin, qui se plaignait, comme celui de Térence, de ce que je lui enlevais sa maîtresse : mais ici, c’était à juste titre, puisqu’il s’agissait de Marie Fouard, que je voulais avoir aussi ; enfin, Courtcou, un libertin, qui ne désirait les filles que pour assouvir sa bru-