Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

je ne le cachai pas, et l’abbé Thomas le tint plusieurs fois. On verra dans peu combien ma sécurité était mal fondée, avec des dévots emportés, qui avaient en outre des sujets de jalousie, dont ils se déguisaient les motifs, contre un jeune frère issu d’une mère différente.

Les Poésies de Montreuil m’avaient fait connaître différents ouvrages en vers, comme les élégies, les madrigaux, les stances, les rondeaux, les épigrammes, les sonnets ; par conséquent des vers de toutes les mesures, et surtout les alexandrins ; mais j’étais trop peu réfléchi, ou j’eus le livre trop peu de temps ; je n’y remarquai ni la césure, ni le mélange des rimes masculines et féminines. Ajoutez que les choses nouvelles, que me dévoilaient ces poésies, m’occupaient bien plus que les mots. En lisant Térence, un premier voile était tombé, pour me laisser voir la belle littérature : en lisant un poète Français et galant, ce fut un second voile qui tomba, pour me laisser entrevoir les mœurs actuelles de ma nation, à la Cour et dans le grand monde. La galanterie fixa d’autant plus mon attention, que c’était un abbé qui la débitait. Je n’avais encore vu que des abbés dévots et sévères : un abbé galant était un phénomène pour moi ! Montreuil contant fleurettes aux filles et aux femmes, surtout à ces dernières, me paraissait un être si extraordinaire, que je doutais quelquefois de la vérité des mœurs qu’il me présentait. Ce fut lui qui me donna une idée agréable et légère de l’infidélité dans le ma-