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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/187

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Jésus-Christ, » répondis-je, « en saint Mathieu, dit que les hommes rendront compte des paroles oiseuses : un mensonge, quelque léger qu’il soit, est pis encore. — Ajoutez-nous quelque chose pris du fond de la morale. — Je pense qu’on ne peut mentir, même en badinant, sans diminuer la délicatesse de la conscience, et sans s’accoutumer, par cette indulgence coupable pour soi-même, à envisager sans horreur les actions les plus criminelles. — Ainsi, le mensonge officieux, par exemple, n’est pas permis ? — Je ne le crois pas ; cependant il doit être une très petite faute en morale, lorsqu’on le commet de manière que la générosité de notre conduite nous rend autant en délicatesse, que notre mensonge nous en a fait perdre. — Devant Dieu ? — Devant Dieu, le mensonge est toujours péché, parce que Dieu est vérité… — Fort bien ! Que pensez-vous d’un mensonge bien arrangé, pour se tirer soi-même d’un mauvais pas, et pour cacher un action peut-être criminelle, qu’il serait également intéressant de savoir, pour l’interrogateur et pour l’interrogé ? — La faute est double en ce que le mensonge cache une plaie de l’âme, qui peut lui causer la mort… Mais quand il s’agit de nous excuser nous-mêmes, nous consultons peu ce qui est bien ou mal ; nous parlons machinalement ; car tout homme, depuis notre premier père dans le paradis terrestre, cherche à s’excuser. — Ce mensonge est un des plus criminels ! continua le pasteur, en