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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/190

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

mon étude actuelle… Que j’étais glorieux ! Quoique je ne fusse au fond qu’un petit pédant, je ne me serais pas changé, en ce moment, pour un guerrier magnanime, qui vient de foudroyer les ennemis de sa nation.

Au sortir du catéchisme, nous retournâmes un instant au presbytère, avec l’abbé Thomas, tandis qu’on achevait de sonner Vêpres. Mes camarades racontèrent à Marguerite ce qui s’était passé au catéchisme. Elle parut s’intéresser vivement à moi, et je la vis passer chez le bon chapelain… Comme nous sortions, elle en revenait ; elle me tira par mon habit : — « Après Vêpres, j’irai au champ de la cure visiter la haie vive ; je vous demanderai pour m’accompagner ; j’ai quelque chose à vous dire. » Ce peu de mots me fit attendre la fin des Vêpres avec une grande impatience !… Aussitôt que l’Office fut achevé, je tâchai de précéder mes camarades ; mais l’abbé Thomas me suivait. La gouvernante me demanda, et jamais on ne lui refusa rien. En route, nous ne dîmes que des choses indifférentes. Lorsque nous fûmes arrivés au champ curial, Marguerite s’assit derrière l’endroit de la haie le plus fourré. Elle était endimanchée ; elle était charmante ! Mon cœur palpita. Je voulus me jeter dans ses bras. Elle ne me repoussa point ; au contraire, elle me pressa contre son sein : — « Vous avez effacé de ce cœur le souvenir de Louis Denêvres, Monsieur Nicolas ; ah ! que vous m’êtes cher ! — Prouvez-le moi, » lui dis-je, « en m’accordant ce que vous