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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/189

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gence. J’avais été indigné, et le bon chapelain, instruit par Marguerite, ne put le croire qu’après l’aveu de l’abbé Thomas, en présence du curé, qui répondit : — « Cela m’étonne ! il sait l’Évangile par cœur. — Oui ; il ne s’est pas arrêté ; mais il a changé plus de cent mots ! » Le curé donna tort à l’abbé Thomas ; il lui dit, qu’empêcher de remplacer par de bons synonymes, c’était tuer le jugement Ce fut apparemment pour me dédommager, que le curé, qui savait que la veille j’avais récité les Actes, me dit : — « Nicolas, tournez-vous du côté du Catéchisme, et récitez-nous les Actes des Apôtres. » À cet ordre, je tressaillis de joie. Je commençai par le premier chapitre, et continuai beaucoup plus vite qu’on n’a coutume de lire ; si je me trompai deux fois, je me remis de moi-même. Tous les enfants avaient les yeux sur moi, particulièrement les filles ; mais je ne voyais que Jeannette. Lorsque j’eus achevé, le pasteur reprit la parole : — « Mes enfants, je vous recommande d’apprendre votre religion. Si je vous enjoignais ce que je ne fais pas faire à mes propres familiers, vous auriez peut-être un motif de découragement ; mais ce jeune homme est un de mes élèves ; c’est mon frère. Et ne croyez pas qu’il ne puisse dire que ce qui est historique ; je vais lui demander son Épître aux Romains, et il va me la dire. » Il me fit lever ; je récitai la moitié du premier chapitre. Il me fit passer au second ; puis au dernier, parce que Vêpres sonnaient. Je ne manquai pas : c’était