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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/228

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1749 — MONSIEUR NICOLAS

envoyés avaient toujours une circulaire sans adresse et faite pour laïques ; ils l’adressaient d’après ce qu’ils apprenaient, la remettaient, et on les recevait avec cordialité, car cette lettre était fort bien faite et fort touchante. Lorsque le curé de Courgis eut ainsi pourvu aux besoins de première nécessité, il laissa la paroisse, pour le spirituel, entre les mains du bon chapelain ; pour le temporel, dans celles de l’abbé Thomas ; et il alla chercher dans la capitale des secours plus abondants. Il eut le bonheur d’en obtenir de suffisants pour rebâtir les maisons des incendiés.

Je fus assez tranquille durant son absence. J’écrivais des lettres circulaires et j’étudiais un peu à la dérobée ; cependant on m’ôta le Traité de la Prosodie Latine ; mais’on me laissa les Racines Grecques et j’appris à lire cette langue, ce qui m’a été très utile par la suite. J’ai encore mon premier cahier d’étude, daté de 1749, avec une figure en traits au titre, souscrite de ces mots : Homo doloris, qui exprimaient la situation de mon âme. On lit ensuite : Kurgisii, vel Kurgiaci, a Kurdibus fundatoribus, 1749… Mais, outre que l’abbé Thomas ne revoyait plus mon devoir, j’avais de grandes distractions ! Tous les jours les envoyés nous rapportaient des anecdotes et le récit de leurs voyages était quelquefois amusant. Ces faits, qui ne sont pas ici de mon sujet, sont entrés dans mes ouvrages. Je me borne à la rencontre que fit M. Stallin, oncle de Jeannette, d’un curé philosophe du diocèse de Langres, à Ligny ou Maligny,