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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/239

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êtes injuste envers Nicolas. Je ne puis croire ce motif que vous supposez, et vous ne devriez pas le croire de mon fils, fut-il vrai ; tout ce qui porte le nom de votre père doit être sacré pour vous. C’est ainsi que pense ma digne et bonne sœur Madeleine Restif, et si elle vous entendait, elle vous ferait une grave remontrance ! Je suis doublement peiné de ce que vous me dites, car il semble que l’esprit et les sentiments qui sont dans ma famille, vont cesser en mes enfants, nés de Marie Dondéne, qui cependant était une excellente femme ! (soit-elle éternellement heureuse, comme je l’espère ! ) » Marie Restif n’avait pas l’âme insensible ; elle fut pénétrée de ce discours, et ne parla plus contre moi. Mais je n’ai pu l’aimer depuis. J’avais eu d’ailleurs, pendant son séjour à Courgis, une triste comparaison à faire, de l’union qui régnait entre ceux d’un même lit : quels égards ! que d’attentions ! que d’amitiés ! que de choses gracieuses on se disait ! Je n’en étais pas jaloux ; j’ai toujours approuvé ce qui était bon en lui-même ; mais tout cela me faisait sentir plus douloureusement les torts qu’on se donnait volontairement envers moi, par des duretés journaliéres, et telles que je ne les avais jamais essuyées auparavant, ni ne les essuyai jamais par la suite chez les étrangers, d’une manière suivie ; mon séjour dans la maison de Madame Parangon, cette femme céleste par la bonté, la beauté, par toutes les vertus, et qui va me traiter en mère attentive, le prouvera bientôt.