Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

main de sa mère. Mon père fut convaincu. Il voulut laisser douze sous, en sus du prix, par forme de présent, à la fille de la maison. Mais elle les refusa. Ce fut alors que mon père lui demanda le nom de ses parents. Elle nous dit que son père s’appelait Cloud, et ce nom s’est conservé dans ma mémoire. J’avais la vue excellente : je vis qu’on avait graté un 2 ; ce qui ferait 27 sous, prix convenable. Je demandai tout bas à l’aimable Hélène, d’où vient elle l’avait effacé ? — « C’est, » me dit-elle, « mon petit Bourguignon, que je veux payer ton écot à ma mère. Et déjeunez avant que de partir. Et n’en parle pas à ton père !… Et viens nous voir quand tu seras à Paris. » Je ne sais pourquoi je ne fus pas humilié… Nous déjeunâmes, pressés par l’engageante Hélène,… que je n’ai jamais revue.

En sortant de Villejuif, nous découvrîmes un immense amas de maisons, surmontées par un nuage de vapeurs. Je demandai à mon père ce que c’était ? — « C’est Paris. C’est une grande ville ! On ne la saurait voir entière d’ici. — Ho ! que Paris est grand !… Mon père ! il est aussi grand que de Vernienton à Sacy, et de Sacy à Joux ! — Oui, pour le moins. — Ho ! que de monde ! — Il y en a tant que personne ne s’y connaît, même dans le voisinage, même dans sa propre maison. » Je réfléchis un moment ; et, transporté de joie : — « Mon père ! je veux y demeurer toute ma vie ! » Mon père sourit, et me dit : — « Tu n’aimes pas le monde ? — Ho ! le monde qui me