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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/25

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connaît ! On me gêne ; je ne suis pas libre. Là, vous dites, mon père, qu’on ne se connaît pas ? — Non. — On ne se salue donc pas ? — Non. — On ne prend donc pas garde l’un à l’autre ? — Non, non. — On ne prendra pas seulement garde à moi ? — Ho ! pas le moins du monde. » Je tressaillis d’aise, en disant : — « Je vas voir, je vas voir. » Nous n’allâmes cependant pas directement à Paris : mon père se voyant à la porte de Bicêtre, où demeurait l’abbé Thomas, il y entra.

Je ne fus point honteux dans cette maison ; je n’y voyais que des malheureux au-dessous de moi. Nous visitâmes d’abord l’église ; j’entendis mon vertueux père remercier Dieu de la fin de son voyage, et le prier de me bénir.

Dans le même moment, un autre spectacle, bien nouveau, attira mon attention : c’était une trentaine d’enfants en soutane et en camail qui entraient à la fois. Je les regardai avec admiration, et je m’écriai naïvement : — « Ho ! que de petits curés ! » C’est que je n’avais encore vu de prêtres que des curés ; je croyais les deux mots synonymes ; mon instinct de douze ans valait mieux que la raison de certains vieillards… Les enfants, après avoir assisté à la messe, s’en retournèrent avec mon frère, que nous n’abordâmes qu’en ce moment ; car mon père avait pour maxime qu’il ne faut déranger personne de ses occupations d’état, et moins encore ses enfants que tout autre. Edme Restif était infiniment res-