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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/58

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vous avez rendu naturel, habituel en vous cet amour de l’ordre, votre âme, qui doit, après la mort, y persévérer éternellement, s’élance dans le sein de Dieu, l’ordre et la raison par excellence ; votre âme y sera précipitée par une attraction puissante, plus forte que celle de l’aimant. Mais si, au contraire, pécheurs, vous avez vécu dans l’habitude et le goût du vice, qui est le désordre, opposé à Dieu, et que vous mouriez dans cette disposition, votre âme désordonnée s’enfuit loin de l’ordre, qu’elle a toujours abhorré. Ne croyez pas que Dieu la repousse ! Il lui ouvrirait son sein si elle pouvait revenir à l’ordre et l’aimer : mais éternellement elle détestera l’ordre et Dieu, parce que sa nature est invariablement fixée. Et n’imaginez pas qu’ayant vécu dans l’habitude et le goût du vice, un faible repentir, occasionné par la crainte, vous rende à l’amour de l’ordre ou de Dieu ! Il n’effacera pas une longue suite de sensations ; vous mourrez douteux et tremblant, et tremblant et douteux vous resterez durant toute l’éternité ; votre âme séparée de votre corps n’osera jamais s’unir à l’ordre suprême, qui est aussi le bonheur ; elle ira se cacher dans les abîmes éternels. Là, pécheurs, votre âme se trouvant dans le désordre, c’est-à-dire dans la douleur, les tourments, le désespoir, elle sentira, comme les fous, qu’elle n’a plus le pouvoir d’être sage ; et elle n’en sera que plus infortunée ; elle sera elle-même, pour elle-même, une insurmontable barrière, qui