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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/59

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la séparera pour jamais de Dieu, de l’ordre, du bonheur… Quand la Résurrection viendra, le corps rendu à son tour impassible, incapable de changement, ni moral, ni physique, rendra éternellement à l’âme les mêmes perceptions que pendant sa vie, avec cette funeste différence qu’un rayon de la céleste lumière percera les ténèbres palpables où les pécheurs seront plongés, pour détruire l’illusion qui nous abuse pendant la vie, et leur présenter la terrible vérité… Ah ! si le damné pouvait un instant aimer Dieu, ou l’ordre, la damnation cesserait !… Mais c’est impossible, par les lois de la nature… », etc. Je trouve aujourd’hui ce morceau bien plus sensé que les sermons de Bourdaloue et de l’abbé Poulie sur le même sujet, qui nous représentent « l’âme du réprouvé, comme aimant Dieu, qui la repousse. » L’ordre peut-il repousser l’amour de l’ordre ? ce sont deux aimants ; et le Jésuite et l’abbé avancent ici la plus épaisse des absurdités ! « Durant la vie, » ajoutent-ils, « c’était nous qui fuyions Dieu, qui tel qu’un père tendre, nous rappelait à lui ; au lieu qu’après la mort, c’est Dieu qui nous fuit, et se refuse. » Quelle idée petite et mesquine ! Quelle indécente et basse assimilitude de l’Être-Suprême avec une maîtresse longtemps trahie, qui s’irrite enfin et devient inexorable ! Ô génies, génies prétendus, vous ne l’êtes que pour les superficiels !

Le discours d’Aubry ne plut qu’à moi ; je vis l’abbé Thomas, et même les prêtres de la maison,