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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/62

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avions l’air de véritables abbés ; ce qui les enchanta, surtout sœur Rosalie. Les six Calottes-rouges, qui ordinairement l’emportaient sur nous par leur propreté, leurs aubes éblouissantes, leurs révérences de jeunes filles, qui faisaient illusion même à l’abbé Thomas, avaient ici du désavantage avec leurs perruques, qui leur donnaient l’air de jeunes danseurs, dont on fait les petits vieillards à l’Opéra. Ce fut ce que me dit mère Saint-Augustin le lendemain, dans un tête-à-tête. Elle nous fit distribuer, en sortant, par Rosalie, à chacun un gâteau, pour notre halte hors de la maison. Arrivés à Sainte-Geneviève, nous vîmes des gens qui faisaient toucher des linges à la châsse, au bout d’une perche, moyennant six sous. L’abbé Thomas, qui était en prières, fut grossièrement dérangé par un de ces hommes à perche : — « Mon ami, » dit-il à l’homme qui avait payé, « ce n’est pas une chemise qui aura touché à la châsse qui guérira votre malade, mais des prières ferventes, et vous ne vous êtes pas mis encore à genoux ! » Je vis le moment où un moine allait se mettre dans une grande colère ; il demanda curieusement qui nous étions. Mais personne ne le satisfit. À notre retour, nous allâmes à la cathédrale ; puis nous passâmes à la Salpêtrière pour rendre nos devoirs à sœur Julie, la supérieure, que l’abbé Thomas regardait comme une sainte, et qui n’était qu’une intrigante. Elle parut nous connaître tous, et savoir nos relations ; car elle nous dit à chacun un mot. Il est