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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/63

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certain que ces maisons sont toutes un abîme d’intrigue et de perversité.

L’archevêque Gigot de Bellefons était mort. Peu de temps après, M. Christophe de Beaumont fut nommé au siège de Paris. Ce prélat descendait de ce fameux baron des Adrets[1], noble du Dauphiné, persécuté d’abord par les Catholiques, sur lesquels il se vengea ensuite si cruellement. Quand il prit possession de son nouveau siège, c’était déjà le troisième[2]. Dés qu’il fut installé, il se crut obligé de

  1. Le baron des Adrets, poussé dans les montagnes du Dauphiné, s’y fit chef de bandits (car quel autre nom donner à une troupe de Huguenots révoltés, qui ne vivaient que de pillages ?) Il imagina un singulier supplice pour tous les Catholiques qui lui tombaient entre les mains. Il les obligeait de prendre leur élan de vingt pas, pour sauter dans un précipice, ou bien on les y jetait pieds et poings liés. L’avantage qu’il y avait à sauter soi-même, était de tâcher de se fendre le crâne sur le rocher : car ceux qui ne se tuaient pas, souffraient comme des roués vifs. Un prisonnier, plus avisé que les autres, et plaisant jusque dans les moments terribles de la destruction, entreprit de mettre de bonne humeur le cruel trisaïeul de l’archevêque Beaumont, par un trait, si célèbre depuis : pressé de sauter, il prit trois fois de suite son élan, et recula trois fois. — « As-tu tantôt fait de sauter ? » lui dit le terrible baron ; « voilà trois fois. — Mon Général, je vous le donne en quatre ! » Le baron sourit, et lui pardonna.
  2. Beaumont avait été évêque de Bayonne, puis archevêque de Vienne, On sait le trait de cette servante de l’imprimeur Simon père, chez lequel l’abbé de Beaumont avait souvent mangé, n’étant encore que petit-collet à Paris : cette femme ayant vu un mandement affiché, qui commençait par ces mots, Christophe de Beaumont, elle accourut auprès de son maître : — « Monsieu’ ! monsieu’ ! est-ce que Mgr Christophe de