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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/71

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num Deum nostrum ! C’est mon faible, que la Vertu, » ajouta-t-il ; « si elle était dans le Diable, je me prosternerais devant le Diable. » Pour le recteur, âme dure, et le Gascon, âme basse, instruits tout bas par Villaret de ce qu’était le sous-gouverneur, ils se retirèrent confus, non sans menacer de purger la maison de tous les hérétiques. Un pauvre pensa payer pour le sous-gouverneur : — « Tant pis, » dit-il, « si vous purgez la maison de nos bienfaiteurs ! nous n’en serons pas mieux ! » Le recteur, un ministre de Jésus-Christ, au milieu des pauvres, cria : « À moi, la Garde ! — Quoi ! quoi ! » dit Bonnefoi, « hé mais ? vous allez donc vous faire craindre ? et dans notre saint ministère, on ne doit que se faire aimer !… » Le fougueux recteur ordonna au prêtre de se taire ; et Bonnefoi se tut. Mais le pauvre qui avait parlé, s’étant mêlé avec les autres, le recteur ne put le faire arrêter par la Garde de la maison, bien que le Gascon prétendît le reconnaître et le désignât. Mais on lui prouva que ce pauvre ne faisait que de rentrer. Villaret, ancien recteur, renvoya la Garde, accourue à la voix tonnante de son successeur, en prenant un ton imposant : « Ce n’est jamais à nous à vous employer ; allez ! » Son geste vif marquait combien il était ému. Le recteur lui dit : — « C’est à moi de les renvoyer. — « Mon successeur, » lui dit Villaret, « si les pauvres se révoltaient contre les ministres de la consolation (ce que je crois impossible,) le prêtre devrait souffrir tout, et il ne pourrait qu’y gagner en mérite et en considération.