Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/72

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Il ne s’agit pas dans votre place d’être redouté ; si vous êtes obéi par crainte, vous avez manqué le but ; vous n’avez rien fait… Pardon de ma sincérité ! mais je suis votre ancien de toutes manières. » Le recteur et le Gascon sortirent.

À dater du jour de la visite, l’abbé Thomas sentit qu’il fallait quitter sa place ; il s’y prépara. Comme les Jansénistes avaient alors de puissants appuis, on était averti de toutes les démarches de l’archevêque. L’abbé Thomas, pendant les huit jours suivants, renvoya chez eux tous les élèves qui avaient des parents religieux. Car, parmi ces enfants, il y en avait de fort bonne famille, qu’on avait confiés à Fusier[1] pour leur donner une éducation Janséniste, et qu’on laissa ensuite à son successeur, quand on le connut. Notre petite communauté, pendant plus de six ans, avait été recherchée comme une école propre à former de grands sujets.

Mon cher Fayel partit le second ; car frère Denis, notre doyen, devait s’en aller, indépendamment de la scène… Fayel vint m’embrasser : « Je ne te reverrai jamais, » dit-il, « je le connais à mon saisissement. Mais, mon cher frère Augustin ! en quelque lieu que tu sois, dans le cours de notre vie, songe qu’il existe quelque part un cœur qui t’aime et qui souffrira de ton absence !… Adieu, mon cher Augustin ! Ne m’oublie pas ! jamais je

  1. Fusier, accueilli par M. de Caylus, est mort curé de Bitry, en-Puisaye, diocèse d’Auxerre, vers 1776.