Aller au contenu

Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mable, car l’esprit de l’auteur est du même genre que le sien. Il a continué cette lecture jusqu’à sa mort, disant souvent et très sérieusement : « Voilà un poison bien agréable ! »

Nous prîmes le coche d’Auxerre le 20 ou le 21 Décembre. Je le supportai mieux qu’en venant à Paris, parce que sur la Seine où l’eau est abondante, on ne donne point de coups de perche. Nous quittâmes néanmoins l’ennuyeuse voiture à Sens, après un accident arrivé au curé de Sainte-Colombe de cette ville, qui fut renversé dans l’eau par la brutalité de notre timonier. Tout le monde me disant que ce malheur était arrivé à mon maître, je le crus mort : « Ah ! du moins, il sera sauvé ! » m’écrai-je. « car c’est un confesseur de Jésus-Christ ; il ira droit dans le ciel. » Ma naïveté fit rire, mais elle donna de la curiosité à un chanoine d’Auxerre nommé Bosq, qui me questionna bénignement. Heureusement, il était très Janséniste, car je lui dis tout. Mon frère, se voyant connu par là, nous débarquâmes quatre : l’abbé Thomas, le chanoine, un M. Decourtives, Janséniste de Chablis, et qui pis est marchand de vin, et moi. Le lendemain, nous marchâmes un peu, nous prîmes ensuite des carrioles ; nous couchâmes à Bassou et le dimanche matin nous arrivâmes à Auxerre.

L’abbé Thomas alla descendre au Petit-Séminaire, substitué à celui des Lazaristes et placé à l’Orangerie de l’évêché. C’était là que des maîtres séculiers enseignaient depuis les rudiments jusqu’à la théo-