Aller au contenu

Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
D I A L O G V EI I.

l’ennemy en Normandie : d’autres tindrẽt la mer & l’eſcumerẽt. Le Comte s’en alla rendre en Angleterre, auec vn biẽ peu de vaiſ‍ſeaux, ſur leſquels eſ‍toyent deux de ſes gendres, ſon aiſné fils, le capitaine Poyet, Caſaux, Maiſon-fleur, la Meauſ‍ſe, des Champs, le capitaine Sore, & certains autres capitaines, gentils-hommes & ſoldats.
La Royne, & les ſeigneurs de ſon Conſeil, qui s’eſ‍toyent promis de l’expedition du comte de Montgomery, vn ſecours de la Rochelle, & poſsible quelque choſe de plus, commencerent à ſon retour d’en rabbatre iuſques là, que au lieu qu’auparauant ils l’auoyent chery, & honoré comme vn demy dieu des batailles, en pleine cour à deſcouuert & preſque tout ioignant la barbe de l’ambaſ‍ſadeur du Tyran, à peine le vouloyent-ils lors voir en ſecret & à cachette.

Le pol. Quelques vns accuſent les femmes, de chãger fouuent leur maintien, & ſous couleur qu’elles ſont legeres, taxent leur ſexe à tous propos, d’vne inconſ‍tance inſupportable : mais quãd tout vn Confeil s’en meſle, c’eſ‍t les iuſ‍tifier de tout point.
Les Romains eſ‍toyent bien d’autre auis au retour de leurs Capitaines : ne les fauoriſans rien moins à la perte, qu’à la vic‍toire : comme Varro nous eſ‍t teſmoin, ayant perdu la grãd bataille qui donnoit Rome à Annibal (s’il euſ‍t ſceu vaincre, comme on dit.) Retournant ainſi tout batu dedans Rome bien deſolee, on ne laiſ‍ſa pas de luy faire comme vn petit triõphe à demy : il leur ſembloit

bien que c’eſ‍toit aſ‍ſez de regret & de faſche-

rie