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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/281

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D I A L O G V EI I.


L’Hiſ‍t. Ie ſerois content de t’ouyr diſcourir ſur ceſ‍te matiere, s’il te plaiſoit prendre la peine de la traiter naifuement, ſelon la conſcience & l’eſ‍tat. Tu ſcais qu’il y a pluſieurs conſciences de timides ſcrupuleux, qui font eſ‍tat de ſe laiſ‍ſer frapper & de tendre auſsi toſ‍t l’autre ioue.

Le pol. C’eſ‍t tresbien fait à des priuez, & pour des iniures priuees de patienter & de ſouffrir, pluſ‍toſ‍t que de rendre la pareille : mais en ce fait il va bien autrement.

L’hi. Ie le ſcay bien, & ne ſuis pas ſi grue, que ie ne ſache comme il s’y faut porter. Et ne doute non plus qu’il ait eſ‍té & qu’il ſoit loiſible à nos freres de ſe garder contre l’inuaſiõ du Tyran, que contre brigans & volleurs, contre des loups & des ſangliers, ou autre beſ‍te plus farouche.
Ie dy d’auãtage auec l’ancien peuple Romain : que d’entre tous les ac‍tes genereux, le plus illuſ‍tre & magnanime eſ‍t, d’occire le Tyran : eſ‍tant, comme tresbien le monſ‍tre Ciceron, vn tel ac‍te, quand bien il ſera executé par vn familier du tyrã, tout plein d’honeſ‍teté & de bien ſeance, conioinc‍te auec le ſalut & l’vtilité de la choſe publique. Mais ce qui me fait deſirer d’entendre de ta bouche la reſolution de ce faic‍t : c’eſ‍t pour me ſeruir des argumens, authoritez & exemples deſquels ie ſcay que tu abondes, à confermer les timides, & reſoudre les ſcrupuleux.

Le pol. S’il faut que ie traite ce point, ie crain d’eſgarer ta memoire de ton diſcours encommencé.

L’hi. Point, poĩt, ne crain pas que ie laiſ‍ſe d’y reuenir, i’auray fait ẽ deux pas & vn faut, Mais cõmẽce