Aller au contenu

Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
D I A L O G V EI I.

quantes qu’il s’en deſuoye : quand de bon prince il deuient Charles 9. quand ſeulement il prepoſe fon priue au public : augmentant auec le detriment du peuple ſes coffres & reuenus : lors l’obligation du coſ‍té du peuple eſ‍t rompue : lors eſ‍t le peuple deliuré de ce qu’il deuoit à ſon Roy. Ne pouuant l’Empire & gouuernement eſ‍tre dit iuſ‍te & legitime, auquel l’on a tellement eſgard au bien particulier du Prince qu’on en vient à intereſ‍ſer le public de tout le Royaume.
Outre ce que dic‍t eſ‍t, il faut qu’vn Roy ſoit legitimement appellé à la Royauté, ſelon les couſ‍tumes & loix du pais, pour pouuoir eſ‍tre dit Roy legitime. Autrement s’il vient à vſurper le ſceptre, il ſe rend indigne du titre & des priuileges d’ũ Roy Cecy ſoit dit tout en paſ‍ſant, en faueur de ceux de Lorraine : ſur leſquels, comme tu ſcay mieux, les predeceſ‍ſeurs de nos Valois ont vſurpé la Couronne.
Or les Rois ſont appellez au royaume, ou par ſucceſsion en lieux où le droit de regner eſ‍t tranſmis aux heritiers : ou par elec‍tion : ou par ſucceſsion & par elec‍tion tout enſemble. Ceſ‍te derniere façon de creer les Rois eſ‍t merueilleuſemẽt à l’auantage & benefice du peuple : eſ‍tant choſe tout aſ‍ſeuree que là où le droit de ſucceſsion eſ‍t ſimplement obſerué, le plus ſouuent la Royauté eſ‍t tranſportee à perſonnes indignes, d’où ſort vne infinité de malheurs & deſaſ‍tres, nous l’auons veu, nous le ſauons, nous le ſentons ſi nous ne ſõmes ladres. Là où l’elec‍tion ſeule eſ‍t pratiquee,

on baille entree aux ſeditions & partialitez, deſ-

quel-