Croyant bien que ceſt homme là ne pourroit
que beaucoup ſeruir pour faire ſagement reſoudre
du chemin le plus expedient, les citoyens de
la Rochelle. En ſomme les vns en parloyent d’vne
ſorte, les autres d’vne autre. Quant à moy en
telle diuiſion & partialité d’opinions, ayant ſceu
que le ſeigneur de la Noue, pour tout cela ne s’eſt oit
point ſouillé en Idolatrie, recueillant de là
vn teſmoignage de ſa bonne conſcience, ie ſuſpẽdi,
comme ie tiens encores ſuſpendu, mon iugement
de ſon affaire : ne voulant rien temerairement
prononcer d’vn gentilhomme ſi bien qualifié
que ceſt uy-là, que i’ay aimé & honoré, comme
ie deſire de faire tout le reſt e de ma vie. Tant
y a que nous ſceuſmes, comme ie t’a y dit, ſon arriuee
dans la Rochelle, ce qu’il propoſa aux Rochellois,
le peu qu’il y exploita pour le tyran, cõme
il s’en retourna à baſt vuide à la cour.
Nous ſceuſmes qu’il fut enuoyé pour la ſeconde
fois auec le meſme Abbé & vne charge vn
peu plus ample à la Rochelle : & qu’a ceſt e ſecõde
fois y eſt ant rentré, n’ayant rien peu negotier
de ſa charge au plaiſir du tyran il eſt oit demouré
pour gage dans la Rochelle, ayant renuoyé ſon
Abbé pour annoncer les nouuelles à ſon maiſt re
de la grande obſt ination des bons Rochellois.
Or ſi l’arreſt & ſeiour que le ſeigneur de la
Noue fit dans la Rochelle ſeruit ou non aux bonnes
gens, ie ne t’en puis dire autre choſe pour n’y
auoir point eſt é durant ce temps-là. Tant y a que
i’ay depuis ouy dire aux Rochellois meſmes, &
au ſeigneur de l’Anguillier, qui eſt oit de ſa tenue :