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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/59

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D I A L O G V E.

eſprits, ils firent apporter le tableau, lequel bien dextremẽt deſueloppé, eſ‍tant regardé par eux, & trouué tel que ie vous vien de dire, ie vous laiſ‍ſe à penſer ſi ces ſeigneurs en furent eſ‍tonnez, & monſieur le Cardinal faſché.

L’hiſt. Ie n’auoy’ point encore ouy faire ce conte : mais vrayement il eſ‍t admirable, & digne que ie le couche entre mes eſcrits, pour monſ‍trer d’vn coſ‍té la force de la verité, laquelle d’vne façon ou d’autre toſ‍t ou tard faut que ſe deſcouure, & la puiſ‍ſance du deſpit ſur vne perſonne outree.

Le pol. Quant au deſpit dont tu parles, ſi celuy du Luquoys le pouſ‍ſa à faire ce traic‍t que i’ay recité, aſ‍ſeure toy que le deſpit que monſieur le Cardinal en print, cuidant que ce fuſ‍ſent Huguenots qui luy euſ‍ſẽt ioué ce tour, leur a cauſé beaucoup de maux qui leur ſont depuis ſuruenus.

Phil. Ainſi bien ſouuent, l’innocent ſouffre la peine deue au coulpable : mais pour n’entrer plus auant en ce diſcours, ie te prie Hiſ‍toriographe, repren le fil de ton hiſ‍toire.

L’hiſt. Charles ix. François ſon frere decedé, ſucceda à la couronne en l’aage de dix ans : Et Catherine de Medicis ſa mere, & Anthoine de Bourbõ roy de Nauarre, premier Prince du ſang eſ‍tans en different touchant le gouuernement de la perſonne de Charles & de ſon eſ‍tat, & peu apres tombez d’accord à l’auantage de la mere : le prince de Condé fut declaré innocent, & abſous du faic‍t d’Amboiſe, tenu pour bon parent du Roy, & deliuré : Les feux auſsi & pourſuites contre les Huguenots furent faits ceſ‍ſer : les eſ‍tats de