découvertes ? Elles ne ressortissent pas à vos propres travaux…
— Je vous le dirai !… Mais auparavant, je désire faire, en votre présence, une vérification décisive. Pouvez-vous me consacrer une demi-heure ?
— Je suis libre tout ce jour…
Savarre se rendit en automobile au château de Givreuse, où il demanda à voir Pierre. C’était vers l’heure du déjeuner : le jeune homme était au jardin.
— Voulez-vous me confier, pendant une ou deux heures, vos deux livrets individuels… car je suppose qu’ils sont au château ? — demanda le neurologue.
De sa part tout semblait normal. Pierre alla prendre les livrets, sans faire aucune question, sachant que, s’il avait quelque chose à dire, Savarre le dirait spontanément.
Le docteur retourna chez lui, fouilla dans une armoire, exécuta rapidement quelques expériences à la loupe, fit deux ou trois pesées sur une petite balance de précision, et alla retrouver Charles Gourlande.
Celui-ci attendait, en feuilletant une revue, il n’avait pas repris son calme ; son visage dénonçait une manière d’inquiétude :
— Excusez-moi, — dit Savarre, — si je vous demande de garder le secret sur ce qui va se passer ici et sur ce que je vais vous dire.
Gourlande eut un sourire triste :
— Sur tout ce qui n’engage pas mon honneur et mon honnêteté ; je vous promets le silence.
Savarre sentit que ce n’étaient pas de vaines paroles. Il montra un des deux livrets des Givreuse et un autre livret, qu’il avait retiré de l’armoire :
— Matériellement, — dit-il… — je veux dire en ne tenant compte que du papier, ces deux objets apparaissent à peu près semblables… Mais si je ne me trompe pas dans mes conjectures, ils doivent différer profondément : l’un des deux est polarisé !…
L’œil nocturne de Gourlande parut s’emplir d’une ombre plus épaisse. Il considéra intensément les deux livrets. Puis, d’un ton de défi :