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la revue de paris

— Ah ! reprit-il d’une voix de rêve, c’est le prodige même, et si magnifiquement supérieur aux vains prodiges de la Fable !… Ma pauvre intelligence d’homme est si petite au prix de telles connaissances !… Mon enthousiasme est infini. Cependant, quelque chose en moi doute…

— Travaillons à dissiper vos incertitudes : nos efforts nous seront payés au centuple !


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Nous travaillâmes. Quelques semaines suffirent au docteur pour dissiper tous ses doutes. Des expériences ingénieuses, des concordances indéniables entre chacune de mes affirmations, deux ou trois découvertes heureuses à propos de l’influence des Moedigen sur les phénomènes atmosphériques ne laissèrent aucune place à l’équivoque. L’adjonction du fils aîné de Van den Heuvel, jeune homme plein des plus hautes aptitudes scientifiques, accrut encore la fécondité de nos travaux et la certitude de nos découvertes.

Grâce à l’esprit méthodique de mes compagnons, à leur puissance d’investigation et de classement — facultés que je m’assimilais de plus en plus — ce que ma connaissance des Moedigen présentait d’incoordonné et de confus ne tarda pas à se transformer. Les découvertes se multiplièrent, la rigoureuse expérience donna de fermes résultats, dans des circonstances qui, aux temps anciens et même encore au dernier siècle, eussent suggéré tout au plus quelques divagations séduisantes.

Il y a maintenant cinq années que nous poursuivons nos travaux : ils sont loin, bien loin d’être arrivées à leur terme. Un premier exposé de nos travaux ne pourra guère paraître avant assez longtemps. Nous nous sommes, d’ailleurs, fixé comme règle de ne rien faire à la hâte : nos découvertes sont d’un ordre trop immanent pour ne pas être exposées avec le plus grand détail, la plus souveraine patience et la plus minutieuse précision. Nous n’avons à devancer aucun