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Page:Revue de Paris - 1895 - tome 5.djvu/33

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la revue de paris

goûtai la joie d’être, pour le principal de la vie, pareil aux autres hommes. Mais surtout ma destinée est enviable depuis six mois : un enfant nous est né, et cet enfant réunit toutes les caractéristiques de ma constitution. Couleur, vision, ouïe, rapidité extrême de mouvement, nutrition, il promet d’être l’exacte réédition de mon organisme.

Le docteur le voit grandir avec ravissement : une espérance délicieuse nous est venue, — que l’étude de la Vie Moedig, du Règne parallèle au nôtre, cette étude qui exige tant de temps et de patience, ne s’arrêtera pas lorsque je ne serai plus. Mon fils la poursuivra, sans doute, à son tour. Pourquoi ne trouverait-il pas des collaborateurs de génie, capables de la pousser à une puissance nouvelle ? Pourquoi ne donnerait-il pas naissance, lui aussi, à des voyants du monde invisible ?

Moi-même, ne puis-je attendre d’autres enfants, ne puis-je espérer que ma chère femme donnera le jour à d’autres fils de ma chair, semblables à leur père ?… En y songeant, mon cœur tressaille, une béatitude infinie me pénètre, et je me sens béni parmi les hommes.

j.-h. rosny