Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 1, 1912.djvu/19

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la psycho-physiologie de l’odorat, et il faut savoir gré à M. Larguier des Bancels de l’avoir entrepris. Le lecteur y trouvera d’intéressantes considérations sur les rapports qui unissent la qualité des odeurs à la structure moléculaire des corps. C’est ainsi que, dans une série homologue, par exemple, dans la série des alcools méthyliques, propyliques, etc., l’odeur subit des variations continues ; en outre, les recherches de J. Passy ont montré que le pouvoir odorant représente une fonction périodique du poids moléculaire. Ce sont là des faits intéressants et qui peut-être pourront servir de bases à des travaux qui tenteront d’établir une classification des odeurs.

Beaucoup plus contestables sont les conclusions de M. Larguier des Bancels, en ce qui concerne la loi de Weber que suivraient, selon lui, les sensations olfactives. Outre les critiques générales que l’on peut faire à cette loi, dans les cas particuliers, l’imprécision des mesures rend plus factice encore son application. Plus importante et plus féconde est l’étude de la fatigue sur les fonctions olfactives. Cette fatigue est spécifique et le sujet qui a cessé de percevoir une odeur est encore capable d’en percevoir d’autres. — Quant aux réflexes olfactifs, si nombreux et si importants pour la physiologie et la psychologie ils sont à peine connus. — Outre l’intérêt qu’il présente, le travail de M. Larguier des Bancels aura peut-être encore l’avantage d’orienter l’attention et les recherches des psychologues vers l’étude encore si incomplète de la psycho-physiologie des organes des sens.

Nos 38-39. — Étude expérimentale sur le choix volontaire et ses antécédents immédiats, par Michotte (A.), et Prüm (E.) (p. 113-320). Dans ce travail exécuté au laboratoire de psychologie expérimental de Louvain, MM. Michotte et Prüm ont tenté d’étudier expérimentalement la détermination volontaire, et, même si les résultats auxquels ils sont parvenus ne paraissent guère dépasser les derniers fournis par l’introspection, il reste intéressant d’avoir essayé de soumettre à l’expérimentation des faits de conscience si complexes. Peut-être d’ailleurs la manière même dont ils ont posé le problème n’a-t-elle pas peu contribué à la médiocrité des résultats obtenus. En effet, ce que veulent étudier MM. Michotte et Prüm, ce n’est ni le sentiment d’effort ou d’activité recherché par tous ceux qui ont examiné le fonctionnement de la volonté, ni le choix volontaire joint au sentiment d’effort, car ils considèrent celui-ci comme consécutif et non comme contemporain, mais c’est exclusivement le phénomène « de la décision volontaire pour autant qu’il existe en dehors de la réalisation de ce qui est voulu ». Un acte volontaire ainsi épuré, où la discussion porte uniquement sur le point de savoir si tel acte vaut mieux que tel autre, où la réalisation de cet acte n’est considérée que comme un objet de pensée abstrait, un tel phénomène est-il encore comparable à un acte volontaire normal, n’est-il pas un phénomène bien artificiel ?

Quoi qu’il en soit, voici les résultats auxquels sont parvenus MM. Michotte et Prüm dans leurs expériences ayant pour objet la détermination de la « motivation ». Leurs expériences (faites sur deux sujets) n’ont porté que sur le choix entre l’addition et la soustraction, ou entre la multiplication et la division. Les bases de motivation, dans ces conditions, (combien artificielles, est-il besoin de le faire remarquer ?) ont été : 1° la facilité de l’opération choisie ; 2° la « représentabilité actuelle de l’opération » ; 3° la rareté ; 4° la trop longue durée de l’hésitation ; 3° un jugement de valeur sur « ce qui convient le mieux ». Plus intéressantes sont les observations faites sur les sujets en expérience, modification du rythme respiratoire, contraction musculaire, et l’analyse introspective qu’ils donnent de leurs états de conscience pendant la période de doute qui précède et prépare le choix. Cette période est constituée par « une conscience de doute, une conscience d’attente, et des sensations musculaires très accentuées, tout cela intimement fusionné, et donnant comme résultante globale un état caractéristique du sujet. Au moment du choix, il se fait dans cet état une transformation radicale ; l’attente est résolue, le doute fait place à la certitude, et, en général, la tension musculaire disparaît, se relâche. En même temps, se produisent fréquemment des contractions musculaires plus ou moins fortes, notamment dans les muscles du cou, amenant une inclinaison de la tête ; et, comme nous l’avons signalé déjà, une inspiration profonde » (p. 183).

N° 40. — Étude expérimentale sur l’association de ressemblance, par Foucault (Marcel). Pour M. Foucault l’association de ressemblance est un phénomène tout à fait différent de l’association par contiguïté, et cette dernière mérite seule le nom d’association : « la ressemblance n’est pas un lien associatif » (p. 339). Il n’y a donc pas lieu de se demander si la ressemblance se réduit à la contiguïté, ou si c’est la contiguïté qui se réduit à la