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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/345

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VOYAGE AUTOUR DU MONDE.

à fonder le port Egmont, sur l’île Falkland, la plus méridionale des Malouines, lorsque les Français s’établissaient à la Soledad, tant ces deux peuples sont divisés par une rivalité que leurs mœurs et des antipathies naturelles ne permettront jamais de faire disparaître entièrement.

Près des ruines du Port-Louis, je cherchai un sol convenable pour confier à la terre les semences des plantes alimentaires, si utiles aux navigateurs qui viennent de battre la mer. J’espérais que mon espoir ne serait pas trahi, et que ceux qui trouveraient du cresson et du raifort remercieraient la main inconnue qui présentait à leurs malades des moyens simples de guérison. Mais le terrain artificiel que j’ensemençai me laissa peu d’espoir, et lorsque nous partîmes, quelques germes apparaissaient seulement ; ils n’auront pas tardé sans doute à être détruits par les animaux.

Le 30, je quittai la corvette avec M. d’Urville, pour visiter la chaîne montagneuse qui s’étend au midi du hâvre Duperrey, et que Pernetty a nommée monumens. La plaine qui y conduit, couverte de bruyères, était incendiée, et brûlait à la surface depuis trois jours, parce que nos marins après avoir allumé de grands feux, à la manière des sauvages, ne s’étaient pas donné la peine de les éteindre. Ce sol tourbeux et charbonné, d’où s’élevaient des tourbillons de fumée, contrastait avec l’épaisse couche d’herbes étendues à une grande distance sur cette région de l’île, et les graminées verdoyantes et baignées à leur pied étaient desséchées et rôties à leur