Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 1.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
338
ARCHIVES GÉOGRAPHIQUES.

sommet, ce qui donnait une teinte uniformément rougeâtre à toute la campagne. Les montagnes que nous allions visiter s’offraient dans une nudité repoussante. Le grès blanc, qui les compose en entier, n’était caché que dans certains endroits où des fougères dessinaient quelques écharpes fraîches et verdoyantes. Les versans prolongés et roides, que nous gravîmes sans efforts, offraient de temps à autres des ravines comblées par des blocs froissés et triturés, sous lesquels on entendait murmurer des sources. Les fougères et les nassauvies envoyaient jusque là quelques colonies gazonnantes ; mais leurs efforts n’avaient point encore pu envahir ces rochers éboulés.

La chaîne dont je parle se dirige de l’est à l’ouest : elle n’est interrompue que par deux bras des baies de l’Huile et Choiseul, qui s’avancent très-avant dans l’intérieur de l’île. Les crêtes de ces montagnes, hautes d’environ trois cents toises, usées par le temps et par des catastrophes, sont couvertes de pans immenses de grès quartzeux représentant des cubes ou des tables d’un grand volume dont les assises imitent à s’y méprendre des restes d’édifices humains. À un ou deux milles, en effet, ces monceaux de grès rappellent, à faire illusion, les vieux châteaux qui couronnent les collines escarpées du Dauphiné, ou les couvens à demi détruits que les moines perchaient sur des endroits peu accessibles dans les siècles féodaux. Ces strates de grès et de quartz sont placés avec une symétrie et une régularité telles, qu’on doit supposer que ce n’est que