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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/151

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LA GRÈCE EN 1829.

bons résultats en écartant avec soin de son organisation tout ce qui avait été palikare, et n’y admettant que des hommes neufs.

Mais, il faut en convenir, ces hommes étaient à cette époque bien plus faciles à trouver qu’ils ne le sont aujourd’hui. Depuis lors tant de désordres ont bouleversé la Grèce, que le brigandage a étendu ses racines avec une effrayante rapidité, et l’habitude de la licence est maintenant le plus grand obstacle qui s’oppose à la formation d’une armée régulière. Tant que le gouvernement entretiendra des bandes irrégulières, telles que les chiliarchies de l’armée rouméliote, il doit s’attendre à n’avoir que le rebut de la population. Il aura beau favoriser les troupes régulières en leur donnant une solde plus forte (et celle qu’on leur donne aujourd’hui est vraiment exorbitante), le Grec préférera toujours l’indépendance du palikare à la discipline du soldat régulier ; les bénéfices de la solde ne vaudront jamais pour lui ceux de la licence. Le corps régulier doit à la fois lutter contre l’intérêt, contre les préjugés et contre le mépris ; faut-il s’étonner qu’il succombe dans une épreuve si cruelle ?

Les reproches que mérite le gouvernement sont la négligence qu’il met à favoriser la formation d’une armée régulière par le seul moyen qui puisse le faire réussir, la suppression de l’armée irrégulière, et l’insouciance avec laquelle il s’occupe de cette formation elle-même. N’est-il pas honteux, en effet, que depuis que ce gouvernement est à la tête des affaires, le corps régulier, le seul qui puisse lui