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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/18

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VOYAGES.

mais c’est de leur ensemble, qui indique un ordre pour ainsi dire inné, que résulte le succès.

Les tortues, richesse propre à cette île, ont dès le commencement de l’établissement fixé l’attention des colons. On sait qu’auparavant les navires abordaient à l’Ascension pour y prendre de ces amphibies, et que les matelots en retournaient sur le dos souvent beaucoup plus qu’ils ne pouvaient en emporter ; elles périssaient dans cette position.

Depuis l’arrivée des Anglais, eux seuls se chargent d’en donner, d’en vendre ou d’en échanger avec les navires qui en ont besoin. Pour cela, ils ont agrandi, sur le bord de la mer, un réservoir naturel dans lequel l’eau se renouvelle à chaque marée. Il peut contenir en réserve une centaine de tortues. Pendant six mois de l’année, ces animaux semblent accourir de toutes les parties de l’Atlantique pour déposer leurs œufs sur les petites plages sablonneuses de l’Ascension. C’est la nuit qu’ils choisissent de préférence. Des sentinelles cachées préviennent de leur arrivée, et des hommes armés de leviers les renversent. On attend au lendemain pour les porter au réservoir. Comme ce ne sont que des femelles, on a le soin de les laisser pondre en partie avant que de les prendre, afin de ne pas arriver trop promptement à la destruction de l’espèce. Malgré cela, nous en avons eu à bord de notre navire qui contenaient près de quatre à cinq cents œufs.

On a la précaution d’écarter tout ce qui pour-