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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/292

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REVUE DES DEUX MONDES.

pour que celui-ci pût l’avaler entière, il la reprenait et la divisait en morceaux, qu’il présentait successivement après les avoir à demi brisés dans son bec. Quelquefois il le considérait de tous les côtés pour voir si rien ne manquait à sa toilette, et quand il découvrait sur les plumes la moindre saleté, il l’enlevait avec un soin et une délicatesse remarquable. »

Viellot semble douter de l’exactitude des faits rapportés par Wilson, mais on ne voit pas sur quoi ce doute repose. Si le naturaliste français n’a pas observé lui-même les habitudes de la passerine, beaucoup d’autres personnes ont eu occasion de le faire, et leur témoignage a confirmé pleinement ce qui avait été d’abord annoncé. Au nombre de ces observateurs je citerai le docteur Potter, dont le récit fournit quelques renseignemens qu’on ne trouve pas dans celui de Wilson.

Potter a reconnu que les passerines ne s’apparient point. Dans le temps de la ponte, on les voit par troupes de quatre, cinq et même jusqu’à dix-neuf et vingt individus ; de temps en temps une femelle se détache de la bande, mais les autres ne semblent pas prendre garde à son départ, et aucun galant ne la suit.

« La femelle qui s’est séparée des autres, va communément se percher sur quelque lieu élevé, d’où elle peut suivre de l’œil les allures des oiseaux du voisinage, et voir ceux qui s’occupent de leur nid. Si le canton ne lui offre pas un observatoire commode, au lieu de rester ainsi en place, elle vole perpétuellement jusqu’à ce qu’elle ait trouvé ce qu’elle cherche. Voyant un jour une femelle fureter dans des taillis, je résolus de ne pas la quitter qu’elle n’eût fini sa besogne ; mais sachant qu’elle pouvait me mener loin, je montai à cheval, et je me tins prêt à la suivre. Elle se dirigea le long d’un ruisseau, entrant dans tous les buissons où les petits oiseaux ont coutume de construire leurs nids. J’avais déjà fait à sa suite plus de deux milles, sans la perdre de vue, si ce n’est dans les momens où elle fouillait l’intérieur d’un buisson, lorsque je la vis s’élancer dans une touffe très épaisse d’aulnes, d’où elle ressortit au bout de cinq à six minutes ; s’élevant alors en l’air, elle retourna triomphante vers ses compagnons qu’elle avait laissés dans une pâture. En pénétrant dans le fourré, je trouvai un nid