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Page:Revue des Deux Mondes - 1835 - tome 1.djvu/293

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HISTOIRE NATURELLE.

de fauvette à jaune-gorge, contenant un œuf de la fauvette et un autre que l’étrangère venait très certainement d’y déposer. »

« J’oubliais de dire qu’un quart d’heure auparavant elle était entrée dans un buisson de cèdres, et y était revenue à plusieurs reprises, paraissant ne quitter ce lieu qu’à regret. C’est qu’il s’y trouvait, comme je m’en assurai un instant après, un nid de moineaux ; mais le propriétaire était sur sa porte, de sorte qu’il n’y avait pas eu moyen d’entrer. »

Il paraîtrait, d’après ce que disent Potter et Wilson, que la passerine ne porte pas son œuf dans le nid étranger, comme fait la femelle du coucou, mais qu’elle l’y pond directement ; au reste, il serait bien possible que, chez une espèce comme chez l’autre, les deux moyens fussent également pratiqués, mais dans des circonstances différentes, et suivant que la construction du nid permet à l’étrangère d’y pénétrer, ou lui en interdit l’entrée.

Tous les observateurs s’accordent à dire que la jeune passerine finit, comme le jeune coucou, par occuper seule le nid qui l’a reçue ; mais le dernier, comme nous l’avons dit, se débarrasse, par ses propres efforts, des œufs et des petits qui se trouvaient dans son berceau ; on ne sait pas encore s’il en est de même de la passerine, et il paraît au contraire que, dans certains cas, si ce n’est dans tous, une des deux mères doit prendre ce soin. Ainsi Potter a vu un œuf de passerine déposé, avec cinq œufs de cordon-bleu, dans un trou d’arbre, profond de plus d’un pied, et tout-à-fait vertical. Cinq jours après, le petit de la passerine était éclos, et il ne restait plus dans le nid que trois autres œufs. Un quatrième fut trouvé au pied de l’arbre. Certainement ce n’était pas le jeune oiseau qui l’avait jeté, et si c’était la femelle du cordon-bleu, on ne peut pas supposer qu’elle l’eût fait par maladresse.

J’aurais dû, lorsque j’ai parlé des observations de Blackwall sur les mœurs du jeune coucou, dire quelque chose des calculs qu’il a faits pour connaître le nombre des oiseaux qui sont détruits chaque année dans le nid : je vais réparer cette omission.

Blackwall croit pouvoir établir, d’après diverses observations, qu’il se trouve, terme moyen, une femelle de coucou pour un espace de terrain de 1,100,605 yards carrés. L’Angleterre ayant de